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Le conflit sino-japonais pourrait profiter à la Birmanie et aux Philippines

Le conflit sino-japonais pourrait profiter à la Birmanie et aux Philippines

Echaudées par le « risque Chine » et la montée du sentiment antijaponais autour d’une querelle territoriale, nombre de sociétés au Japon regardent du côté de l’Asie du sud-est, y compris vers la « nouvelle » Birmanie.

 

Parmi les principales victimes de la bataille sino-japonaise pour un petit archipel en mer de Chine orientale figurent les géants nippons de l’automobile Toyota et Nissan. Toyota, numéro un mondial au premier semestre 2012, a arrêté mercredi et pour quatre jours la plupart de ses usines d’assemblage en Chine. Nissan – propriété à 43,8% du français Renault – a fait de même ce jeudi jusqu’à la fin de la semaine dans certaines de ses trois usines d’assemblage. Les deux groupes avaient déjà dû stopper tout ou partie de leur production chinoise en milieu de semaine dernière, par crainte pour la sécurité de leurs employés et de leurs installations, alors que des dizaines de milliers de Chinois défilaient contre le Japon à travers le pays.
Des relations en dent de scie

 

« Personne ne sait vraiment quand cela va se reproduire dans un avenir proche », dit à l’AFP Takeshi Takayama, un économiste de l’Institut de recherche NLI à Tokyo. Outre ces manifestations, il faut ajouter des tracasseries administratives, douanières notamment, aussi nombre de sociétés japonaises jugent de plus en plus urgent de ne pas mettre tous leurs oeufs dans le panier chinois. En 2011, les investissements nippons dans l’Empire du milieu ont atteint 6,3 milliards de dollars, 50% de plus que l’année précédente. A titre de comparaison les investissements américains ont représenté 3 milliards de dollars, en chute de 26%, selon des chiffres officiels chinois.

 

Pour Takeshi Takayama, la Chine va certes rester le plus important partenaire commercial du Japon « mais les entreprises japonaises vont certainement regarder vers d’autres pays asiatiques ». « Vers le Vietnam et la Thaïlande par exemple », écrivait récemment l’influent quotidien Yomiuri Shimbun. Pékin avait donné un premier coup de semonce en 2010, en coupant ses livraisons au Japon de terres rares – des minerais essentiels à la fabrication de nombreux produits technologiques -, à cause déjà du différend sur l’archipel des Senkaku (appelé Diaoyu par Pékin). Outre le potentiel dévastateur de cette querelle territoriale, des analystes citent également le ralentissement de la croissance chinoise et l’augmentation du coût du travail comme autant d’éléments qui poussent les industriels nippons à réviser leurs plans d’investissements.
 
Les Philippines et la Birmanie sentent la bonne affaire

 

Certains pays sentent aussi « la bonne affaire », comme les Philippines qui font désormais les yeux doux à une quinzaine de grandes entreprises japonaises. Mercredi, Manille leur promis des avantages fiscaux si elles quittaient la Chine pour venir chez elle. Une autre « base de repli » pourrait être trouvée en Birmanie, qui vient d’obtenir en récompense de son évolution démocratique la levée par Washington des interdictions d’exportation de produits birmans vers les Etats-Unis. « Une destination d’avenir » pour le Japon, confirme Yukio Suzuki, analyste à l’institut de recherche Belle Investment.

 

« Il ne faut pas s’attendre à du profit à court terme, mais c’est maintenant que les sociétés japonaises doivent se mettre sur les rangs », assure-t-il. Certains signes ne trompent pas. La compagnie aérienne japonaise All Nippon Airways (ANA) inaugure le 15 octobre une ligne régulière Tokyo-Rangoun. Cette semaine, la chambre japonaise de commerce et d’industrie a envoyé une importante délégation en Birmanie pour des contacts avec des industriels locaux et des dirigeants gouvernementaux.

 

Le Japon envisage par ailleurs une rencontre internationale de soutien à la Birmanie le mois prochain à Tokyo, en marge des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Plus gros créancier de la Birmanie, Tokyo a effacé en avril une ardoise équivalente à 3 milliards d’euros sur les 5 milliards que lui devait Rangoun et s’apprête à reprendre son aide bilatérale à ce pays riche en minerais et en hydrocarbures.

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