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Démission du gouverneur de Tokyo pour créer un parti nationaliste

Démission du gouverneur de Tokyo pour créer un parti nationaliste

Le flamboyant gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, a démissionné par surprise pour fonder un nouveau parti politique résolument nationaliste, en plein milieu d’un conflit sino-japonais qu’il a largement contribué à enfiévrer.

« Je démissionne du poste de gouverneur et ma démission est effective dès aujourd’hui », a déclaré M. Ishihara, 80 ans, lors d’une conférence de presse.

Connu pour ses déclarations à l’emporte pièce et son nationalisme exacerbé, Shintaro Ishihara gouvernait depuis plus de 13 ans aux destinées de la capitale japonaise, centre névralgique de la troisième puissance économique mondiale.

Il avait été réélu l’an passé pour un quatrième mandat à la tête de la préfecture de Tokyo, qui compte 13 millions d’habitants et forme le coeur d’une immense mégapole de 35 millions de personnes – la conurbation la plus peuplée du monde.

« J’ai l’intention de revenir à la politique nationale et de former un parti », a-t-il annoncé.

 

Ecrivain à succès avant de devenir homme politique, M. Ishihara a longtemps été membre du Parti Libéral-Démocrate (PLD), le principal parti de la droite japonaise qui a dirigé le pays de la fin des années 1950 à 2009 quasiment sans interruption.

Mais il y a toujours tenu une position originale, et souvent controversée, gardant son franc-parler sur les questions de souveraineté nationale qui lui tiennent à coeur.

« Il y a des contradictions importantes que l’Etat doit résoudre. La plus importante réside dans la Constitution du Japon qui fut imposé par l’armée d’occupation (américaine après 1945) et rédigée dans un japonais horrible », a-t-il martelé.

Comme d’autres dirigeants de la droite japonaise, M. Ishihara voudrait supprimer l’article 9 de cette Constitution qui interdit au pays le droit d’exercer la guerre – une volonté des Etats-Unis vainqueurs du Japon à l’issue de la Seconde guerre mondiale.

L’irruption surprise de ce potentat tokyoïte dans le grand jeu national intervient en pleine crise diplomatique entre le Japon et la Chine, autre cible régulière du verbe acerbe de l’ex-gouverneur.

 

M. Ishihara est considéré comme l’un des principaux responsables de la récente tension entre les deux principales puissances asiatiques, focalisée autour d’un minuscule archipel de mer de Chine orientale.

En avril, le gouverneur de Tokyo avait fait sensation en annonçant son intention d’acheter, pour le compte de sa préfecture, plusieurs de ces îles à leur propriétaire privé japonais, afin de les « défendre » face aux prétentions chinoises.

Ces petites îles inhabitées administrées par le Japon, les Senkaku, sont revendiquées avec force par la Chine, ainsi que par Taïwan.

Le chef de la capitale avait lancé avec succès une collecte de fonds pour financer ce projet, récoltant la bagatelle de 1,4 milliards de yens (près de 15 millions d’euros).

Sous pression, le gouvernement japonais de centre gauche, dirigé par un Premier ministre affaibli, Yoshihiko Noda, s’était résolu à acheter ces îles lui-même en septembre, afin d’éviter qu’elles ne tombent dans l’escarcelle du gouverneur.

C’est cette nationalisation qui a mis le feu aux poudres, entraînant de vives protestations officielles de Pékin, des démonstrations navales chinoises à proximité des îles et des manifestations antijaponaises, parfois violentes, dans toute la Chine.

La montée de M. Ishihara au niveau national pourrait par ailleurs amplifier la redistribution des cartes politiques, à quelques mois d’élections législatives que le Parti Démocrate du Japon (PDJ, au pouvoir) de M. Noda a toutes les chances de perdre d’après les sondages.

Outre un PLD ragaillardi par l’arrivée à sa tête de l’ancien Premier ministre « faucon » Shinzo Abe, le PDJ pourrait souffrir lors de ce scrutin de la montée du Parti de la Restauration du Japon, lancé récemment par le maire régionaliste d’Osaka (centre-ouest), Toru Hashimoto, un ambitieux quadragénaire avec lequel M. Ishihara semble vouloir négocier.

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