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Iles Senkaku: L’impuissance de Shinzo Abe à résoudre le conflit

Iles Senkaku: L’impuissance de Shinzo Abe à résoudre le conflit

L’un des principaux enjeux diplomatiques auquel doit aujourd’hui faire face le premier ministre japonais, Shinzo Abe, est le contentieux territorial des îles Senkaku-Diaoyu.

 

Conservateur rétrograde, M. Abe ne cache pas sa nostalgie pour le régime impérial dissou en 1945. Son déni des exactions commises par l’armée nippone dans la guerre de 1931-1945 contre la Chine fait pendant au refus du Parti communiste chinois d’expier les souffrances imposées à son propre peuple.

Sur la scène internationale, pourtant, M. Abe a mis son nationalisme en sourdine. Il s’agit en effet d’apaiser les relations avec la Chine, qu’aucun dirigeant japonais ne souhaite voir s’envenimer.

Conscient de partager des intérêts communs avec Séoul par rapport à la Corée du Nord et à la Chine, il s’est déjà résolu à opérer un rapprochement avec la Corée du Sud.

M. Abe envisage une révision de la Constitution pour amender l’article 9 interdisant le recours à la guerre. Il est assez improbable qu’il y parvienne, sachant qu’il ne peut compter en cela sur le soutien ni de ses alliés du Parti Komei (centre), ni de l’opinion publique.

À elle seule, une réforme constitutionnelle ne lui permettrait d’ailleurs pas de mener une politique internationale plus agressive ; elle n’aurait d’autre effet que de modifier l’appellation officielle des Forces d’autodéfense.

Quant à l’augmentation du budget militaire prévue par le ministre de la défense, elle ne pourra être que minime et marginale.

Les Japonais, dirigés par les démocrates libéraux, n’ont aucune envie de se financer un plan massif de dépenses militaires en temps de paix telle que l’ont connue les États-Unis dans les années Carter et Reagan.

 

MARGE DE MANŒUVRE TRÈS RÉDUITE

 

S’agissant de l’archipel Senkaku-Diaoyu, M. Abe dispose d’une marge de manœuvre très réduite.

Le Japon pourrait éventuellement renoncer à ses prétentions sur les îles Dokdo-Takeshima afin d’améliorerr ses relations avec la Corée du Sud. Mais, dans la mesure où il exerce un contrôle effectif sur les Senkaku, il a les mains liées.

Céder cet archipel reviendrait à s’incliner devant les menaces chinoises. Une telle concession serait jugée inacceptable tant par les Japonais que par leur allié américain.

Elle enverrait en outre un message défaitiste à la Corée du Sud, à Taïwan, à l’Inde et aux pays du Sud-Est asiatique eux aussi en butte aux revendications chinoises en mer de Chine du Sud.

Une reconnaissance du litige, comme l’exige Pékin, ne suffira pas à régler le problème.

Au vu des sanctions commerciales (de facto si ce n’est de jure) imposées par la Chine et de ses multiples incursions (dont le survol d’un avion de surveillance) dans les territoires sous contrôle nippon, cette reconnaissance équivaudrait à une capitulation, à moins qu’elle ne soit contrebalancée par des concessions de la part de la Chine.

 

PÉKIN ET TOKYO ONT TOUT INTÉRÊT À DÉSAMORCER UNE ÉVENTUELLE ESCALADE

 

Les relations diplomatiques sino-japonaises s’alignent sur les relations sino-américaines.

Les tensions entre Tokyo et Pékin sont largement tributaires du rapport pour le moins inamical que la capitale chinoise entretient avec Washington.

La Chine n’ignore pas qu’une attaque sur l’archipel des Senkaku entraînerait immanquablement l’entrée en guerre des États-Unis. À moins qu’elle ne soit prête à en assumer les conséquences, il est donc très improbable qu’elle se dirige vers un affrontement militaire.

On ne peut toutefois écarter l’éventualité que la situation dégénère suite à des provocations chinoises (telles que l’intrusion dans les eaux territoriales nippones), à l’intervention intempestive de nationalistes chinois (à Hong Kong et Taïwan, notamment) ou à un incident impliquant des navires patrouilleurs de l’un et l’autre camp.

A priori, Pékin et Tokyo ont tout intérêt à désamorcer une éventuelle escalade. Mais que savons-nous vraiment du processus décisionnel au sein du Parti communiste chinois ?

Qui contrôle le déploiement des forces navales en mer de Chine du Sud ? Xi Jinping craint-il de manifester un signe de faiblesse ? Les autorités chinoises auraient-elles établi que les États-Unis et le Japon sont à bout de souffle et qu’elles peuvent désormais se permettre de durcir leur politique étrangère ?

Si le Parti communiste chinois considère que la puissance américaine est en passe d’être éclipsée par la Chine, il n’est pas impossible qu’elle engage un conflit armé. En dernière instance, l’issue du contentieux relatif aux îles Senkaku-Diaoyu est entre les mains du gouvernement chinois, et non de Shinzo Abe.

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