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Un taux de condamnation de 99% et des innocents?

Un taux de condamnation de 99% et des innocents?

Avec un taux de condamnation égal à 99%, le Japon passe pour l’un des pays les plus sûrs au monde. Pourtant, de plus en plus de Japonais expriment leur colère contre les arrestations aléatoires et les aveux forcés, relate BBC News.

 

Mais pourquoi des innocents iraient-ils confesser un crime qu’ils n’ont pas commis? Shoji Sakurai a passé 29 ans en prison avant d’être finalement acquitté. Interrogé par le site britannique, il raconte ses premiers jours de détention:

«Ils m’ont interrogé jour et nuit. Après cinq jours d’interrogatoire, je n’avais plus la force mentale nécessaire, j’ai donc abandonné et avoué.»

Régulièrement critiqué par les ONG et maintenant par les Nations unies, comme l’explique Libération, le système judiciaire japonais repose essentiellement sur le daiyo kangoku, ou prison de substitution. Ainsi, un individu peut être détenu pendant 23 heures sans avoir pleinement accès à un avocat.

Interrogé par le même quotidien, Hideki Wakabayashi, directeur de Amnesty International au Japon, pointe «un système qui bafoue tous les standards internationaux et une police qui harcèle le suspect, tente de lui arracher des confessions, la recherche de la vérité n’étant pas vraiment ce qui compte».

 

Makiko Naka est professeur à l’Institut de littérature en troisième cycle de l’Université de Hokkaido. Dans une tribune publiée par le site Science Links Japan, elle décrit les rouages d’un interrogatoire et la méthode utilisée: analyse du comportement, interrogatoire avec isolement, allusion à la culpabilité du détenu, dramatisation puis atténuation.

Un cocktail qui amène le plus souvent à des aveux non fondés. Car plus qu’ailleurs, il est primordial pour un officier de police japonais de motiver sa décision, sans quoi il est accusé de ne pas avoir effectué correctement son travail, explique BBC News. Le meilleur moyen restant les aveux.

Mais pourquoi la mise en place d’un tel système? Yoshiki Kobayashi, qui a travaillé pendant 25 ans pour l’Agence nationale de la police, tente une explication, toujours adressée à BBC News:

«Au Japon, nous n’avons pas les mêmes moyens d’enquête que d’autres pays. Nous sommes très limités. La police abusait énormément de ses pouvoirs avant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, le peuple a voulu les récupérer.»

Pourtant, il semblerait que le système judiciaire japonais commence à entreprendre des réformes en profondeur. Dernier exemple en date: le licenciement d’Hiroshi Ichikawa, procureur pendant 13 ans, pour des menaces de mort lors d’un interrogatoire .

 

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