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Superstar des années 80/90, l’électronique japonaise est-elle morte ?

Superstar des années 80/90, l’électronique japonaise est-elle morte ?

C’est la question que l’on peut se poser quand on constate qu’aucun fabricant japonais n’a réussi à s’imposer sur le marché phare des tablettes tactiles, dominé par l’Américain Apple et le Coréen Samsung.

 

Mais qu’est devenue l’industrie électronique japonaise ? C’est la question que l’on peut se poser quand on constate qu’aucun fabricant japonais n’a réussi à s’imposer sur le marché phare des tablettes tactiles. Sur ce segment à forte valeur ajoutée qui connaît une croissance de 50 % par an, 90 % du marché est contrôlé par cinq entreprises : Apple avec 50,4 %, marque américaine, le coréen du Sud Samsung avec 18,4 % de parts de marché, Asus marque taïwanaise et Amazon avec 10 % du marché chacun et une entreprise chinoise Lenovo avec 2 % de parts de marché.

 

L’industrie électronique japonaise, elle qui était à la pointe de la technologie il y a 10 ans, a totalement disparu, représentant moins de 1 % des tablettes tactiles vendues dans le monde… Les Japonais ont totalement raté le boum du marché des tablettes alors qu’avec des entreprises comme Sony on aurait pu s’attendre à les voir figurer en haut de ce classement. Il sera bien difficile de mettre une tablette tactile japonaise au pied du sapin cette année… Nintendo vient d’essuyer les premières pertes de son histoire en 2012 alors que le marché des jeux vidéos est en pleine croissance.

 

Ces exemples frappants sont symptomatiques de la crise qui frappe l’industrie électronique japonaise qui a bien du mal à se maintenir à flot. Les actions Panasonic se négocient à 50 % de leur valeur comptable, Sony à 39 % et Sharp à 30 % prouvant que les marchés financiers doutent de leur capacité de rebond face à une concurrence innovante. Le nerf de la guerre dans ce secteur est l’argent qui permet de lancer de vastes projets de recherche-développement. Il faut innover constamment, toujours avoir la capacité de proposer aux consommateurs un nouveau produit et pour cela ces entreprises font appel aux marchés financiers pour lever des fonds. Le mois dernier, l’agence de notation Fitch a dégradé Panasonic et Sony… qui auront ainsi plus de difficultés à emprunter à des taux raisonnables dans les prochains mois.

 

Pour survivre, les géants japonais vendent les bijoux de famille : Panasonic annonce un vaste plan de restructuration et la vente de 3 milliards de dollars d’actifs afin d’améliorer sa trésorerie et de poursuivre ses efforts de recherche et développement, Sharp a déjà hypothéqué la quasi-totalité de ses biens pour garantir un renflouement de 4,6 milliards de dollars auprès des banques japonaises, Sony, doublé par ses concurrents dans l’univers des Smartphones, des jeux vidéos et des appareils photo, va sûrement prendre le même chemin, l’entreprise étant approché par des banques d’investissement selon le journal japonais Sankei.

 

Comment peut-on expliquer ce déclin de l’industrie électronique japonaise ?

 

Plusieurs facteurs sont souvent mis en avant tel qu’un Yen fort rendant les produits électroniques japonais plus difficiles à vendre, l’arrivée sur le marché de nouveaux concurrents dynamiques, le marché intérieur japonais stagne du fait des difficultés économiques de ce pays…

Mais il faut aussi chercher des pistes dans les choix stratégiques de ces entreprises. Afin de maximiser les profits, ces entreprises ont délocalisé leur fabrication à l’extérieur du Japon et notamment en Corée du Sud à partir des années 1990 2000. Dix ans plus tard, le coréen du Sud Samsung est devenu à partir de 2009, le numéro 1 mondial des ventes de téléviseurs, d’écrans d’ordinateurs et d’imprimantes laser et en 2012 le numéro un mondial des téléphones mobiles… et le principal concurrent de Sony, Panasonic, Sharp…

 

Est-ce une relation de cause à effet ? Il ne faut pas oublier que lorsque l’on délocalise dans un autre pays, on réalise des gains financiers à court terme (main-d’œuvre moins chère…) mais que l’on offre aussi ses secrets de fabrication, sa maîtrise technologique, son savoir-faire, que l’on forme du personnel… et potentiellement on peut se créer un futur concurrent qui n’aura pas eu besoin de dépenser des milliards en recherche-développement pour maîtriser la conception d’un produit. Il pourra donc en « clonant » le produit réaliser des gains supérieurs, qu’il pourra à son tour investir dans la recherche et in fine prendre à moyen terme un avantage technologique…

Les entreprises automobiles américaines dans les années 70 80 ont commis la même erreur stratégique en délocalisant leurs usines d’assemblage au Japon qui ne produisait alors aucune voiture pour le marché mondial. Quelques années plus tard, de nouveaux concurrents japonais apparaissaient et nous connaissons la suite de l’histoire… Garder sa maîtrise technologique semble être le meilleur investissement à moyen et à long terme…

 

L’industrie électronique japonaise ne paye-t-elle donc pas le prix de ses délocalisations, de sa vision à court terme créant ou favorisant de ce faite l’émergence 10 ans plus tard de concurrents comme Samsung, Asus, Lenovo… qui sont en train de les asphyxier ?

Si cette hypothèse est juste, nous pouvons nous inquiéter par exemple sur le faite qu’Airbus est accepté il y a quelques mois de construire ses avions en Chine pour remporter un gros contrat face à Boeing. Verra-t-on dans quelques années l’émergence d’un troisième larron dans le marché aéronautique civil ?

 

 

Source: Atlantico

 

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