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Société

Le camp de l’enfer, cette étrange façon de motiver les salariés japonais

Crédits : NTV

Le camp de l’enfer, cette étrange façon de motiver les salariés japonais

L’économie japonaise était à son apogée dans les années 1980. A cette époque les États-Unis ne pouvaient que constater avec effroi et indignation que le Japon s’était procuré des biens immobiliers de premier ordre, tels que les studios hollywoodiens ou encore le Rockefeller Center à New York.

Le Japon possédait tout, sauf semble-t-il, une tolérance à l’égard de certains cadres moyens, considérés comme un obstacle au miracle économique japonais.

 

Mais une solution fut vite trouvée. L’obtention d’un ticket d’entrée pour « Jigoku no kunren », le camp de l’enfer pour les managers perçus comme étant trop doux, indolents ou autrement incompétents.

Bien loin des exercices de renforcement de confiance en soi dispensés, de nos jours, par certaines entreprises, les camps de l’enfer pour cadres japonais étaient organisés avec la discipline et l’intensité d’une formation militaire.

L’objectif était de remettre en forme les employés les moins performants, tout en donnant l’assurance nécessaire à ceux estimant ne pas pouvoir être au niveau de leurs concurrents occidentaux.

À Kanrisha Yosei Gakkou, le camp de l’enfer le plus connu durant les années 80, les règles du stage d’une durée de 13 jours étaient strictes. Les journées commençaient à 4h15 et se prolongeaient tard dans la soirée. Radios et visiteurs étaient interdits, les candidats devaient se concentrer entièrement sur la mission à accomplir. Interrogées par les instructeurs, les réponses des élèves devaient être rapides et surtout bruyantes.

La caractéristique la plus marquante de ces camps ? Les rubans de la honte épinglés sur chaque candidat !

Les rubans, 14 au total, correspondaient à une tâche ou à une lacune particulière qui devait être surmontée, afin de pouvoir valider le stage.
Confiance, fierté de l’entreprise, capacité à rédiger des rapports, optimisation des appels téléphoniques, team building et prise de parole en public ne sont que quelques-uns des domaines dans lesquels les cadres devaient faire leurs preuves.

Afin de valider leur stage, les participants devaient également chanter à tue-tête devant la gâre de Fujinomiya et ses nombreux usagers, dans le but de surmonter leur manque de confiance en eux.

Abandonner le camp signifiait le plus souvent la fin de sa carrière au sein de l’entreprise. Au cours de ses neuf premières années d’existence, plus de 150 000 candidats ont obtenu leur diplôme et le camp compte aujourd’hui plus de 300 000 diplômés dans tout le pays.

La nature inhabituelle des camps de l’enfer a inévitablement attiré l’attention des occidentaux. Le film de Ron Howard, « Gung Ho, du saké dans le moteur », qui raconte l’histoire d’une entreprise automobile japonaise achetant une usine américaine, présentait au grand public des éléments d’entraînement d’un camp de l’enfer ainsi que le concept des rubans de la honte.

Tandis que les États-Unis observaient la montée en puissance inexorable de l’économie japonaise, les camps de l’enfer n’ont fait qu’exacerber leur curiosité.

Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que le concept du camp de l’enfer fut exporté aux États-Unis à la fin des années 80.
Dans un établissement de Malibu, le programme d’entraînement était à peu près le même que son homologue japonais, avec tout de même quelques ajustements pour correspondre à la sensibilité des employés américains.

Les journées commençaient à 5 heures du matin et les rubans de la honte avaient été renommés « rubans des défis ». Les candidats devaient également effectuer des missions ardues telles que des randonnées nocturnes de 40 km ou encore la redoutable chanson, cette fois-ci dans un parking d’un centre commercial.

Étonnement, Kanrisha Yosei Gakkou opère toujours au pied du mont Fuji et propose depuis 1979 une gamme de programmes destinés aux cadres moyens, aux nouveaux employés et jeunes diplômés universitaires. L’éclatement de la bulle économique et le climat des affaires moderne ont toutefois largement entraîné la fermeture des autres camps.

Et vous, seriez-vous prêts à passer 2 semaines dans ce camp de l’enfer ?

Documentaire diffusé en France (2009) :

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