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Nucléaire: Départ imminent et contesté de plutonium pour le Japon

Nucléaire: Départ imminent et contesté de plutonium pour le Japon

Areva s’apprête à envoyer du MOX, un combustible composé de plutonium, au Japon, un convoi des plus contestés au moment où Pyongyang se dit en état de guerre et que Tokyo n’en finit pas de se battre contre les conséquences de la catastrophe de Fukushima.

 

«Ce transport partira prochainement de Cherbourg et sera réalisé par les navires spécialisés Pacific Heron et Pacific Egret de la compagnie britannique PNTL», a annoncé vendredi dans un communiqué le groupe nucléaire qui présente le MOX comme une opportunité pour recycler le plutonium issu des centrales nucléaires.

L’entreprise est la seule au monde à produire à l’échelle industrielle ce combustible composé de 5% à 10% de plutonium et de 90 à 95% d’uranium, depuis que l’Angleterre a cessé d’en fabriquer.

Selon Greenpeace, ce transport «dangereux» aura lieu entre lundi 0H00 et mercredi à minuit.

Selon l’ONG, ces 10 tonnes de MOX doivent quitter l’usine Areva de Beaumont-Hague (Manche) la nuit, à bord de trois poids-lourds, pour rejoindre le port de Cherbourg et être chargées dans la journée. «La route entre l’usine et le port sera alors bouclée, avec des gendarmes à tous les carrefours», dit Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace France.

L’usine est distante de 20 km du port mais le convoi en fera 40 pour des raisons techniques selon l’ONG.

Un millier d’hommes mobilisés

Toujours selon elle un millier d’hommes seront mobilisés sur le trajet, un dispositif lié à la spécificité de ce combustible «beaucoup» plus radioactif qu’un combustible classique, mais aussi à un appel, pour l’heure vague, d’antinucléaires à perturber le transport. Cet appel a été lancé il y a plusieurs semaines sur internet.

Une source proche des forces de l’ordre a confirmé cet effectif.

Selon différentes sources, la cargaison doit contenir de 650 kg à 800 kg de plutonium. Greenpeace affirme que ce plutonium peut servir à faire des bombes (15 kg par bombe), mais Areva dément.

D’après Greenpeace, à bord des bateaux équipés chacun de deux canons 30 mm, une trentaine d’hommes en tout d’une force spéciale britannique seront chargés d’assurer la sécurité. Selon M. Rousselet, les Etats-Unis suivent également discrètement le transport puisque les matières fissiles japonaises sont sous leur contrôle.

Les cargaisons sont en général stockées dans des conteneurs – trois en l’occurrence – de 6 mètres de long sur 2,50 large, avec des parois de 30 cm d’épaisseur, selon des données d’Areva.

Le voyage doit durer 60 à 70 jours.

Si les quantités sont confirmées, la cargaison serait nettement moins importante en volume que lors des précédents transports de MOX vers le Japon (15 tonnes en 2010, 32 tonnes en 2009, 14 tonnes en 2001 et 1999).

Mais le transport se déroule dans un contexte délicat.

«Les bateaux vont naviguer dans des eaux sous tension. La cargaison est destinée à la centrale de Takahama, en face de la Corée. C’est complètement irresponsable», a estimé M. Rousselet. L’entreprise Kansai (Kepco) a confirmé attendre une livraison pour cette centrale à l’arrêt.

Mardi, le Japon a installé des missiles en plein coeur de Tokyo pour intercepter un éventuel missile nord-coréen.

L’association Robin des bois, l’ancien eurodéputé Verts Didier Anger, Greenpeace, Europe Ecologie les Verts (EELV) et le Réseau Sortir du nucléaire ont demandé l’annulation du convoi et appellent à un rassemblement lundi à 18H00 à Cherbourg mais pas à perturber le transport.

Tous soulignent que les problèmes se multiplient ces dernières semaines à la centrale de Fukushima Daiichi mise en péril par la catastrophe du 11 mars 2011.

«Ce transport est scandaleux: au Japon des hommes se battent pour tenter désespérément de décontaminer les villages», dit Greenpeace.

Seuls deux des 50 réacteurs japonais sont actuellement exploités mais le gouvernement libéral démocrate (droite), au pouvoir depuis décembre, est revenu sur la promesse de son prédécesseur de centre gauche de sortir du nucléaire.

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