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le judo prié d’adoucir ses méthodes au Japon

le judo prié d’adoucir ses méthodes au Japon

L’affaire des judokas maltraitées par leurs entraîneurs remet en cause l’encadrement sportif au Japon.

 

Elle a éclaté mardi 29 janvier quand quinze membres de l’équipe nationale féminine, y compris celles ayant participé aux Jeux olympiques de Londres, ont adressé une lettre au Comité olympique japonais (COJ). Elles se plaignaient du comportement de deux entraîneurs, dont le champion du monde en 1993 des moins de 60 kg Ryuji Sonoda. Les deux hommes les auraient insultées et frappées lors d’un stage préparatoire aux JO.

La Fédération japonaise de judo (AJJF) a réprimandé M. Sonoda, tout en le maintenant à son poste. Or, la lettre a été adressée au COJ. Celui-ci, qui porte la candidature de Tokyo pour les Jeux de 2020 et aurait vu dans cette affaire une menace pour ce projet, a vivement réagi, émettant un communiqué rappelant que « la violence n’a pas de place dans le sport et contredit directement les valeurs du mouvement olympique ». Face à l’ampleur du scandale, Ryuji Sonoda a dû démissionner.

Parmi les connaisseurs du judo, peu ont été surpris des révélations faites. L’un d’eux note que la philosophie dominante pour le plus haut niveau reste « de renforcer l’esprit combattant en se montrant toujours plus dur ». Ryuji Sonoda était connu pour sa sévérité et il avait été, en partie, choisi pour cela. En le nommant, les dirigeants du judo nippon voulaient « mettre plus de rigueur dans les entraînements, recréer une distance entre l’entraîneur et les sportifs ». Un processus similaire avait conduit à la désignation de Shinichi Shinohara, affublé lui aussi d’une réputation de grande dureté, à la tête de l’équipe masculine.

 

Coups et brimades

 

« Tous les judokas de haut niveau ont subi de tels traitements, observe un expert étranger du judo. Les coups de shinai [sabre de bambou], l’obligation de se raser la tête en signe de contrition, voire des brimades des sempai [aînés], cela fait malheureusement partie de la méthode. Les judokas avaient dû vivre ça au lycée et à l’université. » Alors pourquoi soulever l’affaire ? « Le plus vraisemblable, c’est qu’il y a eu rupture du lien de confiance avec l’encadrement et une volonté de se séparer d’un entraîneur. »

La « tradition » expliquerait la relative atonie de la fédération de judo qui, prévenue du problème des violences dès septembre 2012, pensait que de simples excuses de Ryuji Sonoda suffiraient pour les faire oublier.

Avec l’implication du COJ, l’affaire est devenue scandale. Elle a coïncidé avec la condamnation, le 1er février, du double champion olympique de judo Masato Uchishiba à cinq ans de prison pour le viol suivi du suicide, en décembre 2012, d’un jeune basketteur d’Osaka (ouest du pays). Le lycéen n’aurait pas supporté la sévérité et les coups de son entraîneur. Le ministre de l’éducation, Hakubun Shimomura, a demandé le 31 janvier au COJ d’enquêter et d’élargir ses investigations aux autres sports.

Les jeunes Japonais et leurs parents seraient aujourd’hui moins enclins à taire les éventuelles violences, comme ils le faisaient dans les années de reconstruction d’après-guerre. A l’époque, les médias glorifiaient l’effort et la force de l’esprit face aux difficultés, une idée reprise dans les mangas consacrés au sport, appelée « spotsu konjo » (« esprit du sport »).

Le judo et le kendo étant obligatoires au collège, une interrogation demeure sur les méthodes d’encadrement car les entraîneurs de sport ne suivent quasiment aucune formation. Certains incidents ont déjà incité l’AJJF à organiser des stages pour améliorer la sécurité.

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